source : https://fr.wikipedia.org/wiki/John_Illingworth
En 1958 John Illingworth ouvre un cabinet d’architecture navale, en association avec le jeune architecteNote 4 Angus Primrose7, et les commandes affluent, en particulier de France. Systématisant la démarche initiée avec Laurent Giles pour Myth of Malham, John Illingworth se spécialise alors dans la conception générale et le dessin du gréement des voiliers de course, exploitant dès les premiers stades de conception tous les avantages que l’on peut retirer des règles de jauge en optimisant les mesures principales du bateau (dimensions et points de mesure définis par les formules de jauge pour calculer la jauge, ou ‘rating’ d’un voilier de course), tandis qu’Angus Primrose dessine les carènes. L’exploitation systématique des règles de la jauge du RORC conduira à la conception de voiliers dessinés « pour la jauge »; cette tendance sera reprise et amplifiée par une nouvelle génération d’architectes pour la jauge IOR à la fin des années 1960.
La collaboration entre Illingworth & Primrose durera 8 ans.
En 1966, après le départ de Primrose, il poursuit son activité à titre personnel puis se retire en France en 1970 dans l’arrière-pays niçois.
Le style Illingworth
Il a produit une série de voiliers renommés, construits le plus souvent à l’unité, parfois aussi en petite série, et dont la caractéristique commune est d’allier esthétique classique9, aptitude à remonter au vent, plans de pont et emménagements adaptés à la vie en course au large.
Au près dans la brise
Les créations d’Illingworth & Primrose se révèlent généralement bons marcheurs au près dans la brise, grâce à leur déplacement moyen-lourd, leur raideur à la toile (aptitude à porter de la surface de voilure) venant d’un tirant d’eau important et d’un rapport de lest élevé, leur forte surface anti-dérive et leurs gréements allongés.
Quille et safran
Alors qu’il avait dessiné des voiliers légers à safran reculé du temps d’Aeromarine, Illingworth a évolué ensuite en sens inverse du mouvement général; il est revenu à la formule classique du safran attaché à la quille. Dans les années 1960 la plupart des architectes ont abandonné cette formule; le célèbre cabinet Sparkman & Stephens est lui aussi passé au safran reculé en 196615. Mais Illingworth persiste à garder cette configuration16, et décrit le choix difficile dans lequel il se trouve : »Sous la pression (de la performance), les architectes ont réduit de plus en plus la surface de quille, dans beaucoup de cas de façon excessive… rendant ces yachts impossibles à tenir au portant dans la brise. On a essayé de résister à cette tentation de trop réduire la surface de quille… on doit accepter de sacrifier de la vitesse par petit tempsNote 5 pour avoir une tenue à la mer et une stabilité de route correcte »17. Comparé au célèbre one tonner Tina18–19 de Dick Carter (1966), son one tonner Maryka semble « d’une conception maintenant dépassée »20. Il en sera de même pour un de ses derniers dessins, le quarter Tonner Merle of Malham, à quille longue, très lourd et peu voilé.
De « Course-croisière » (1961) à « Further Offshore » (1969)
Ces deux ouvrages présentent de nombreux plans de voiliers de course-croisière. On peut noter dans l’édition 1969 la suppression de 6 voiliers légers dont 4 à safran reculé (EA, Gypsela, Fandango, Artica II, Black Soo21, Blue Charm), et l’ajout de 7 voiliers lourds à safran attaché à la quille (Maïca, Monk of Malham, Quiver IV, Outlaw, Oryx, Maryca, Merle of Malham). Le Tina, révélation de la one Ton Cup 1966, et marqueur de l’évolution définitive vers des voiliers plus larges, à quille courte et safran reculé, n’est pas cité dans ce livre.
Plans Illingworth et Primrose
Parmi ses voiliers les plus connus on peut citer, dans le type léger à safran séparé, :
- la série Toby Jug, construit en contreplaqué chez Sibma-Navale, 196435
- Tiger JOG, 6,93 m, construite en stratifié chez Massilia, choisi par Jean Lacombe36
et dans le type lourd à quille longue :
Dans cette longue liste, nous pouvons repérer des noms bien connus :
Belmore, Maïca, Gerfaut, Glénan, Outlaw, Oryx, Maryka, Gipsy Moth, et Monk of Malham.
- Belmore, 11,12 m, construit en 1958 par Aeromarine37,38
- Maïca, 10,05 m, 5,3 t, prototype, safran au tableau arrière, 195939
- Mélusine II, 14,80 m ketch, construit en 1959 chez Hervé à la Rochelle40 et41
- Maïca à voute, construit en série notamment aux CMNNote 8, à Cherbourg, 196042
- Blue Charm, construit chez Souter en 196043,44 et45
- Brigantine, 6,5 t, (Maïca modifié) classe II du RORC construit chez Craff, 1962
- Gerfaut, classe II du RORC construit chez Pichavant46
- Glénan (construit par le chantier Stéphan de Concarneau pour le Centre Nautique du même nom), 196147
- Esquirol, 11,85 m, 196148
- la série Ten-Ten, 10,10 m, 196349
- la série Top-Hat, 7,65 m en bois puis en stratifié, 196350
- Alpa 7, construit en série chez Alpa Yachts en Italie à partir de 1963
- Outlaw, classe I du RORC, 14,78 m, 196351
- Primevere (Super Maïca), 12,19 m52
- Green Highlander, 9,66 m construit en bois par Souter à Cowes en 1965
- Monk of Malham, 12,38 m, 196553
- Alpa 9 (1965)54
- Adax 13,36 m, dériveur lesté55
- Sari, de la série Fabius 10,68 m, construit en aluminium chez ACNAM (France)56
- Oryx, classe I, 196657,58
- MORCA, 7,67 m, bois moulé, quille longue + dérive, transportable59
- Maryka, 10,14 m, one tonner, 1966 (renommé Arabel III)60
- Gipsy Moth IV (construit pour le tour du monde en solitaire de Sir Francis Chichester), 196661
- Toquade, 8,73 m, 1966, construit en stratifié chez Massilia
- Merle of Malham, 8,07 m, quarter tonner « lourd », 196762
- La fille du vent, 9,52 m, 1968, construit en bois aux CN Malouines63
- Alpa 11 (1968), Alpa 8 (1974), Alpa 1150 (1975) chez Alpa Yachts en Italie.